La forêt française face au changement climatique

Note : dans cet article, on ne traitera que de la forêt française métropolitaine.
Face au changement climatique, la forêt française a un rôle ambivalent : elle est à la fois une alliée pour lutter contre ses causes et ses conséquences, mais elle s’en trouve également menacée. C’est ce que nous allons détailler dans cet article.

La forêt : une alliée face au changement climatique


Pour commencer, la forêt constitue un puits de carbone, c'est-à-dire qu’elle retire le CO2 de l'atmosphère pour croître. Ensuite, elle constitue un stock de carbone (à ce sujet, voir notre article sur l'équivalence bois-CO2). La séquestration et le stockage du carbone ont lieu à la fois directement par les arbres qui croissent, mais également indirectement via la biodiversité et l’humus que la forêt abrite. En effet, l’intégralité de la biomasse (vivante ou morte tant qu’elle n’est pas décomposée) est principalement constituée du carbone qui a été puisé en premier lieu dans l'atmosphère. Notons que plus la forêt est ancienne et diversifiée, plus le stock de carbone qu’elle constitue est important mais moins elle séquestre de CO2 supplémentaire. Il faut donc trouver un équilibre entre exploitation et libre évolution pour maximiser la captation du carbone atmosphérique, principal gaz à effet de serre responsable du dérèglement climatique.

Face à la montée des températures et aux vagues de chaleurs de plus en plus fréquentes et intenses, les forêts et les bois constituent des zones plus fraîches et plus humides que le reste du territoire. Elles sont donc particulièrement utiles pour réduire la température moyenne au sol.

Par ailleurs, les zones boisées rendent des services écosystémiques salutaires : en période de sécheresse, elles limitent l'évaporation de l'eau ; lors des orages (qui risquent d’être plus fréquents et plus intenses), elles réduisent le ruissellement et le lessivage des sols qui s’ensuit.

Les forêts sont aussi des réserves biologiques d’espèces variées. Celles-ci peuvent être utiles directement par leur action, comme par exemple les insectes pollinisateurs, mais elles peuvent aussi constituer des réserves de molécules utiles pour les humains (biochimie) ou encore être sources d'inspiration pour des innovations via le “biomimétisme”.
Ces nombreux arguments commencent d’ailleurs à être entendus par les agriculteurs, dans les rangs desquels on trouve de plus en plus d’aventuriers tentés par l’expérimentation de “l’agroforesterie”, c’est à dire le fait de replanter des arbres au milieu des champs pour exploiter en même temps arbres et plantes annuelles, les secondes profitant des conditions favorables offertes par les premiers.

Enfin, dernier point et pas des moindres, la forêt peut jouer un rôle de production d'une matière première propre et renouvelable : le bois ! Ce matériau qui nécessite relativement peu d’énergie pour être transformé et qui repousse peut se substituer à d’autres afin de réduire notre empreinte écologique… à condition d’exploiter raisonnablement les forêts ! A ce sujet, lire notre article sur la pertinence de la récolte de bois d’un point de vue écologique.

La forêt menacée par le changement climatique


Malheureusement pour nous, même si elle l’atténue, la forêt n’est pas hermétique au changement climatique. A l’instar de la plupart des autres milieux naturels, elle s’en trouve grandement perturbée.

On peut commencer par évoquer les incendies. Les feux de forêt sont des événements particulièrement marquants par leur intensité et leur violence. Quoiqu’ils aient toujours existé, l’activité humaine les rends de plus en plus fréquents, si bien que même certains écosystèmes qui y étaient adaptés sont désormais fragilisés. Lorsqu’une forêt brûle, la majorité du carbone qu’elle stockait se retrouve émis brutalement dans l’air.

Ces incendies sont de fait favorisés par les sécheresses qui sont de plus en plus fréquentes l’été. S’il semble que les précipitations annuelles en France soient à peu près constantes, on constate depuis plusieurs années une moins bonne répartition de celles-ci au cours de l’année. Elles se concentrent à certains moments et les étés sont de plus en plus secs. Ces périodes “sans pluie” et les “coups de chaud” sont néfastes pour nos forêts métropolitaines. Les hêtres (2e essence dans nos forêts après le chêne) en souffrent particulièrement. Certains dépérissent d’ores et déjà. La situation est telle que l'ONF cherche actuellement activement une (des) essence(s) susceptible(s) de les remplacer. On pourrait laisser la nature faire et trouver toute seule le remplaçant, mais cela prendrait un temps considérable à échelle humaine. Il convient donc d’essayer d’anticiper pour planter aujourd’hui des arbres qui seront adaptés au climat qui aura cours dans 50 ou 100 ans. Un vrai casse-tête !

Ce changement de climat engendre également le développement de certaines maladies causées par des parasites et des champignons. Certains modes de sylviculture sont particulièrement peu résilients face à ces menaces. On peut par exemple citer “l’épidémie” de scolytes qui touche nos épicéas depuis plusieurs années, et qui oblige déjà à des coupes sanitaires qui entraînent une récolte de cette essence supérieure à la production annuelle. Autrement dit, on déstocke l’épicéa à cause de ce parasite. Des méthodes existent pour augmenter la résilience de ces peuplements, mais le temps pour les mettre en œuvre est long : on peut planter d’autres essences, diversifier les peuplements, et au sein d’une même espèce favoriser une certaine diversité génétique.

Les tempêtes ne sont pas en reste : elles peuvent aussi détruire des zones boisées en peu de temps. En se décomposant, le bois relâche son carbone. Le lien avec le changement climatique n’est pas forcément clair que pour la température ou les sécheresses, mais tout porte à craindre une intensification ainsi qu’une augmentation de la fréquence de ces événements à mesure que l’effet de serre s’accroît.

Nos forêts sont un atout stratégique qu’il faut surveiller et entretenir


Il existe malheureusement un risque de "cercle vicieux" : plus le changement climatique est important, plus la forêt française se porte mal, moins elle peut jouer son rôle d'amortisseur. Il ne faut pas pour autant être défaitiste : elle constitue actuellement un véritable atout dans la stratégie bas-carbone, et à ce titre elle mérite toute notre attention pour le demeurer.

C'est pour cette raison que sevel. et ses partenaires choisissent de s’intéresser à la provenance du bois qui est mis en œuvre : c’est une façon de participer à la bonne gestion de cette filière et de sa ressource. Avoir un comportement responsable vis-à-vis de celle-ci est nécessaire si l’on veut qu'elle soit durable. C’est également nécessaire pour avoir un impact vraiment positif dans la transition écologique.

Les acteurs “traditionnels” du secteur ont parfois une certaine inertie pour évoluer sur ces sujets. En travaillant directement en “aval” de la filière, nous voulons d’une part proposer des solutions immédiates pour améliorer la durabilité des projets, et d'autre part oeuvrer à la prise de conscience de l'importance de la traçabilité en communiquant de manière claire les attentes du marché et plus généralement de la société en matière de développement durable.

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Face au changement climatique, la forêt française a un rôle ambivalent : elle est à la fois une alliée pour lutter contre ses causes et ses conséquences, mais elle s’en trouve également menacée. C’est ce que nous allons détailler dans cet article.

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Pour commencer, la forêt constitue un puits de carbone, c'est-à-dire qu’elle retire le CO2 de l'atmosphère pour croître. Ensuite, elle constitue un stock de carbone (à ce sujet, voir notre article sur l'équivalence bois-CO2). La séquestration et le stockage du carbone ont lieu à la fois directement par les arbres qui croissent, mais également indirectement via la biodiversité et l’humus que la forêt abrite. En effet, l’intégralité de la biomasse (vivante ou morte tant qu’elle n’est pas décomposée) est principalement constituée du carbone qui a été puisé en premier lieu dans l'atmosphère. Notons que plus la forêt est ancienne et diversifiée, plus le stock de carbone qu’elle constitue est important mais moins elle séquestre de CO2 supplémentaire. Il faut donc trouver un équilibre entre exploitation et libre évolution pour maximiser la captation du carbone atmosphérique, principal gaz à effet de serre responsable du dérèglement climatique.

Face à la montée des températures et aux vagues de chaleurs de plus en plus fréquentes et intenses, les forêts et les bois constituent des zones plus fraîches et plus humides que le reste du territoire. Elles sont donc particulièrement utiles pour réduire la température moyenne au sol.

Par ailleurs, les zones boisées rendent des services écosystémiques salutaires : en période de sécheresse, elles limitent l'évaporation de l'eau ; lors des orages (qui risquent d’être plus fréquents et plus intenses), elles réduisent le ruissellement et le lessivage des sols qui s’ensuit.

Les forêts sont aussi des réserves biologiques d’espèces variées. Celles-ci peuvent être utiles directement par leur action, comme par exemple les insectes pollinisateurs, mais elles peuvent aussi constituer des réserves de molécules utiles pour les humains (biochimie) ou encore être sources d'inspiration pour des innovations via le “biomimétisme”.
Ces nombreux arguments commencent d’ailleurs à être entendus par les agriculteurs, dans les rangs desquels on trouve de plus en plus d’aventuriers tentés par l’expérimentation de “l’agroforesterie”, c’est à dire le fait de replanter des arbres au milieu des champs pour exploiter en même temps arbres et plantes annuelles, les secondes profitant des conditions favorables offertes par les premiers.

Enfin, dernier point et pas des moindres, la forêt peut jouer un rôle de production d'une matière première propre et renouvelable : le bois ! Ce matériau qui nécessite relativement peu d’énergie pour être transformé et qui repousse peut se substituer à d’autres afin de réduire notre empreinte écologique… à condition d’exploiter raisonnablement les forêts ! A ce sujet, lire notre article sur la pertinence de la récolte de bois d’un point de vue écologique.

La forêt menacée par le changement climatique


Malheureusement pour nous, même si elle l’atténue, la forêt n’est pas hermétique au changement climatique. A l’instar de la plupart des autres milieux naturels, elle s’en trouve grandement perturbée.

On peut commencer par évoquer les incendies. Les feux de forêt sont des événements particulièrement marquants par leur intensité et leur violence. Quoiqu’ils aient toujours existé, l’activité humaine les rends de plus en plus fréquents, si bien que même certains écosystèmes qui y étaient adaptés sont désormais fragilisés. Lorsqu’une forêt brûle, la majorité du carbone qu’elle stockait se retrouve émis brutalement dans l’air.

Ces incendies sont de fait favorisés par les sécheresses qui sont de plus en plus fréquentes l’été. S’il semble que les précipitations annuelles en France soient à peu près constantes, on constate depuis plusieurs années une moins bonne répartition de celles-ci au cours de l’année. Elles se concentrent à certains moments et les étés sont de plus en plus secs. Ces périodes “sans pluie” et les “coups de chaud” sont néfastes pour nos forêts métropolitaines. Les hêtres (2e essence dans nos forêts après le chêne) en souffrent particulièrement. Certains dépérissent d’ores et déjà. La situation est telle que l'ONF cherche actuellement activement une (des) essence(s) susceptible(s) de les remplacer. On pourrait laisser la nature faire et trouver toute seule le remplaçant, mais cela prendrait un temps considérable à échelle humaine. Il convient donc d’essayer d’anticiper pour planter aujourd’hui des arbres qui seront adaptés au climat qui aura cours dans 50 ou 100 ans. Un vrai casse-tête !

Ce changement de climat engendre également le développement de certaines maladiescausées par des parasites et des champignons. Certains modes de sylviculture sont particulièrement peu résilients face à ces menaces. On peut par exemple citer “l’épidémie” de scolytes qui touche nos épicéas depuis plusieurs années, et qui oblige déjà à des coupes sanitaires qui entraînent une récolte de cette essence supérieure à la production annuelle. Autrement dit, on déstocke l’épicéa à cause de ce parasite. Des méthodes existent pour augmenter la résilience de ces peuplements, mais le temps pour les mettre en œuvre est long : on peut planter d’autres essences, diversifier les peuplements, et au sein d’une même espèce favoriser une certaine diversité génétique.

Les tempêtes ne sont pas en reste : elles peuvent aussi détruire des zones boisées en peu de temps. En se décomposant, le bois relâche son carbone. Le lien avec le changement climatique n’est pas forcément clair que pour la température ou les sécheresses, mais tout porte à craindre une intensification ainsi qu’une augmentation de la fréquence de ces événements à mesure que l’effet de serre s’accroît.

Nos forêts sont un atout stratégique qu’il faut surveiller et entretenir


Il existe malheureusement un risque de "cercle vicieux" : plus le changement climatique est important, plus la forêt française se porte mal, moins elle peut jouer son rôle d'amortisseur. Il ne faut pas pour autant être défaitiste : elle constitue actuellement un véritable atout dans la stratégie bas-carbone, et à ce titre elle mérite toute notre attention pour le demeurer.

C'est pour cette raison que sevel. et ses partenaires choisissent de s’intéresser à la provenance du bois qui est mis en œuvre : c’est une façon de participer à la bonne gestion de cette filière et de sa ressource. Avoir un comportement responsable vis-à-vis de celle-ci est nécessaire si l’on veut qu'elle soit durable. C’est également nécessaire pour avoir un impact vraiment positif dans la transition écologique.

Les acteurs “traditionnels” du secteur ont parfois une certaine inertie pour évoluer sur ces sujets. En travaillant directement en “aval” de la filière, nous voulons d’une part proposer des solutions immédiates pour améliorer la durabilité des projets, et d'autre part oeuvrer à la prise de conscience de l'importance de la traçabilité en communiquant de manière claire les attentes du marché et plus généralement de la société en matière de développement durable.

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